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Des enceintes connectées et des récits avec ses pieds

Vendredi 3 juillet Des enceintes connectées, habitées par un semblant d’intelligence artificielle, converties en marionnettes et habillées de papier… C’est le jeu auxquel se livrent, en s’esclaffant, les enfants qui participent à l’atelier Cour et jardin, animé par notre médiatrice culturelle numérique Cassandre Poirier-Simon, qui débouche sur une histoire où l’on mange des «hommes de terre» en buvant de la «frambouille»… Pas loin de là, les participantes à l’atelier d’écriture Le récit qui change d’avis (avec la «tricoteuse de mots» Amélie Charcosset) font glisser leurs personnages dans les ramifications sans fin du «que se serait-il passé si…» Un peu plus tard, Un Luna-Park oublié sous un parc est une immersion qui se fait avec ses oreilles, avec ses yeux et avec ses pieds dans les histoires, étranges et en partie monstrueuses, du parc d’attractions qui se dressait dans le parc des Eaux-Vives en 1911 et 1912. Au milieu des cercles d’arbres géants, cette plongée dans un passé troublant suscite le débat lors de la visite guidée de ce parcours-récit (avec notre médiateur culturel numérique Nic Ulmi, qui répètera l’expérience vendredi 10 juillet à 17h30).

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UN LUNA-PARK OUBLIÉ SOUS UN PARC – Un parcours-récit dans le parc des Eaux-Vives

C’est l’histoire, étrange et en partie monstrueuse, d’un Luna-Park oublié il y a 108 ans dans le parc des Eaux-Vives, fréquenté par 20’000 personnes par jour, avec pour attraction phare un vrai-faux village appelé «L’Afrique mystérieuse», où 100 personnes étaient exhibées comme en un «zoo humain». Les arbres du parc déroulent ce récit, en empruntant la voix de la comédienne Carole Schafroth. Pour une immersion dans ce passé plus ou moins oublié, suivez le parcours (détaillé ci-dessous) avec votre appareil mobile et vos écouteurs, en flashant les codes QR accrochés dans les branches… Ou plongez dans cette histoire sans bouger de chez vous, en cliquant sur les liens en bleu ci-dessous. LES HALTES:1e halte – 2’200 pilotis et quelques Plonjon2e halte – Le rhododendron est-il une saine distraction?3e halte – 30’000 personnes dans une cité magique4e halte – «… et le célèbre nain, le baron Pouce»5e halte – «L’Afrique mystérieuse» et le temps des zoos humains6e halte – «Aujourd’hui, grand concours de bébés»7e halte – Le retour aux jouissances hygiéniques8e halte – Un Luna-Park oublié sous un parc LE PARCOURS Suivez le parcours étape par étape détaillé ci-dessous ou téléchargez le plan en PDF en cliquant ICI BIBLIOGRAPHIE Archives de presse consultables en ligne:– Journal de Genève et Gazette de Lausanne www.letempsarchives.ch – Presse vaudoise: scriptorium.bcu-lausanne.ch  – Presse française: gallica.bnf.fr  Images historiques en ligne:– Le Luna-Park des Eaux-Vives sur le site notrehistoire.ch (en ligne ici)– Le parc des Eaux-Vives et son Luna-Park dans les collections iconographiques de la Bibliothèque de Genève (en ligne ici et ici Sur les «cités lacustres»:– Pierre Corboud, Genève, il y a 3000 ans. Chronique d’une fouille dans le village préhistorique du Plonjon, État de Genève/Infolio, 2017 (disponible en ligne ici en PDF)– Pierre Corboud, «Stations littorales – Stations palafittiques», Dictionnaire historique suisse (en ligne ici)– Marc-Antoine Kaeser, Visions d’une civilisation engloutie. La représentation des villages lacustres, de 1854 à nos jours, Hauterive/Zurich, Laténium/Schweizerisches Landesmuseum, 2008 (disponible en ligne ici en PDF) Sur le domaine de Plonjon:– «Quelle est l’histoire de la villa Le Plonjon située dans le parc des Eaux-Vives et par qui est-elle occupée?» (question posée au service Interroge des Bibliothèques municipales, répondue le 18.11 2015, en ligne ici) Sur «L’Afrique mystérieuse» et les «zoos humains»: – Jean-Michel Bergougniou, Remi Clignet et Philippe David, «Villages noirs» et autres visiteurs africains et malgaches en France et en Europe : 1870-1940, Paris, Karthala, 2001– Nicolas Bancel, Thomas David et Dominic Thomas (sous la direction de), L’invention de la race. Des représentations scientifiques aux exhibitions populaires, Paris, la Découverte, 2014– Patrick Minder, «Les zoos humains en Suisse», in Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Gilles Boetsch, Eric Deroo et Sandrine Lemaire (sous la direction de), Zoos humains et exhibitions coloniales. 150 ans d’inventions de l’Autre, Paris, La Découverte, 2011– «On lit dans la Tribune de Lausanne du 6 septembre 1906 que le parc des Eaux-Vives a accueilli un village abyssin composé de 75 personnes. Que sait-on de cette manifestation?» (question posée au service Interroge des Bibliothèques municipales, répondue le 01.06.2016, en ligne ici– «Quand le terme « nègre » est-il devenu péjoratif?» (question posée au service Interroge des Bibliothèques municipales, répondue le 05.02.2014, en ligne ici) Sur le Luna-Park des Eaux-Vives et sa fin:– Allison Huetz, «Du champ de foire au Luna-Park: la création d’une “moralité de l’illusion” (Genève, 1880-1914)», in Estelle Sohier, Alexandre Gillet, Jean-François Staszak (Eds.), Simulations du monde. Panoramas, parcs à thème et autres dispositifs immersifs, Genève, Métis Presses, 2019 (disponible en ligne ici en PDF)– Nic Ulmi, «Le premier Luna-Park et son « zoo humain », L’Inédit (en ligne ici) Autres sources d’archives:– «Luna-Park et bon goût», Brochure anonyme, Archives d’État de Genève (AEG), cote 86.Cl.12 – Guguss’, Journal humoristique illustré, 20 mai 1911 Dans le cadre du projet «Le Parc augmenté – Histoires et imaginaire des espaces verts»

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Quelques applications pour accompagner vos randonnées

L’Espace le 4e de la Bibliothèque de la Cité vous propose une sélection d’applications pratiques pour vous accompagner dans vos randonnées estivales. De quoi toujours trouver son chemin ou sa fontaine, s’assurer d’avoir une météo adaptée et s’inspirer en découvrant des itinéraires variés en Suisse. Pour vous accompagner sur le chemin Bibulus Pour trouver une fontaine à Genève Si vous vous promenez sur le canton de Genève et que votre gourde est soudainement vide, cette application vous indique la fontaine la plus proche. Très pratique en ville de Genève quand on a soif ! Gratuit Android | Apple MeteoSwiss Pour connaître le temps qu’il fait même sur les sommets Cette application permet de connaître les prévisions météorologiques, la qualité de l’air ou encore la prévision pollinique. Vous pouvez également vous renseigner sur les dangers naturels ou observer les précipitations, le vent ou les températures sur des cartes animées. Gratuit Android | Apple Pollen News Pour prévoir le rhume des foins Cette application permet de connaître les niveaux quotidiens de divers pollens dans les régions suisses. En plus de cette prévision pollinique, on y trouve des informations détaillées sur les allergies aux divers pollens. Gratuit Android | Apple Rega Pour une assistance médicale aérienne L’application Rega permet d’émettre une alarme et d’être automatiquement géolocalisé par les équipes de secours. Gratuit Android | Apple Splash Pour prévoir ses pauses baignade Cette application permet de connaître la température de l’eau, lacs et rivières. Vous pouvez mettre vos lacs et rivières préférés en favoris de quoi voir tout de suite si vous la baignade est possible ! Gratuit Android | Apple SuisseMobile Pour trouver le bon sentier Cette application contient les cartes nationales de swisstopo. Plusieurs options permettent d’afficher les sentiers de randonnée pédestre, les parcours en vélo ou à VTT ou encore les itinéraires de canoë en Suisse. Les arrêts de transports publics et les points d’intérêts sont également indiqués. Gratuit Android | Apple Pour choisir une randonnée cet été CAS – Club Alpin Suisse Découvrir les cabanes en Suisse Cette application du Club Alpin Suisse (CAS) permet de découvrir leur réseau de cabanes. De quoi planifier des randonnées sur plusieurs jours et se laisser emporter par les divers sentiers proposés par l’application ! Gratuit Android | Apple Flower Walks Découvrir les secrets des plantes en se promenant Cette application propose des itinéraires botaniques pour découvrir la Suisse et sa nature. En vous promenant, vous découvrirez les secrets des plantes rencontrées ! Gratuit Android | Apple hikeTicino Découvrir les monts tessinois Cette application propose des randonnées dans les diverses régions du canton du Tessin. Vous pouvez mettre en favoris les sentiers que vous souhaitez parcourir et les télécharger dans l’application pour les utiliser sans vos données mobiles. Gratuit Android | Apple Matterhorn Découvrir Zermatt sous tous les angles Dans cette application vous découvrirez toutes les informations pratiques (météo, sentiers, …) nécessaires à votre prochaine excursion à Zermatt ! Gratuit Android | Apple PressReader Les Bibliothèques municipales proposent au public des ressources numériques variées. Parmi celles-ci, vous pouvez télécharger gratuitement des journaux et magazines provenant d’une centaine de pays depuis l’application PressReader. Dans la catégorie Loisirs de plein air ou Voyages et culture, vous trouvez des mensuels tels que trek, Montagnes Magazines ou encore Grands Reportages. Gratuit avec le wifi des Bibliothèques municipales ou votre compte lecteur-trice. Android | Apple Les Vias du fromage Découvrir le parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut Cette application propose un choix de randonnées pour découvrir la région de Gruyère. À travers ces itinéraires, l’application propose également de découvrir la fabrication du fromage avec une série de films et un jeu. Gratuit Android | Apple Vaud:guide Découvrir le canton de Vaud en marchant Cette application propose de découvrir le canton de Vaud. Un onglet « En balade ! » permet de choisir sa randonnée dans la région. Pour chaque sentier, des indications de temps de marche, de dénivelés à parcourir et d’informations pratiques pour planifier sa randonnée. Gratuit Android | Apple Pour s’amuser en chemin BirdNet Pour connaître les oiseaux au son de leur chant Cette application permet de découvrir quels oiseaux vous croisez sur votre chemin à l’aide de leur chant- En enregistrant le chant des oiseaux, BirdNet trouve l’oiseau concerné et transmet des explications détaillées sur l’espèce en question. Gratuit Android | Apple Peekfinder Pour découvrir le nom des sommets qui vous entourent Cette application permet de découvrir les montagnes et les pics environnants avec la camera de votre smartphone. Avec un panorama à 360° vous connaîtrez le nom des sommets autour de vous ! 5 CHF Android | Apple PictureThis Pour connaître les fleurs croisées sur son chemin PictureThis vous permet de découvrir le nom des plantes que vous croisez sur votre chemin. Il suffit de prendre une photo de la plante en question. Des explications détaillées sur cette espèce végétale seront fournies par l’application. Gratuit Android | Apple PlantNet Pour connaître les plantes croisées sur son chemin Comme l’application présentée précédemment, PlantNet permet de découvrir le nom des plantes que vous croisez sur votre chemin. Il suffit de prendre une photo de la plante en question. Des explications détaillées sur cette espèce végétale seront fournies par l’application. Gratuit Android | Apple Postcard Creator Pour envoyer des cartes postales sur les sentiers Cette application de la Poste vous permet d’envoyer des cartes postales avec les photographies prises sur votre chemin. Il suffit de choisir une photographie sur votre smartphone et de rédiger un texte. L’envoi d’une carte postale gratuite est limité à un seul envoi journalier. Gratuit | payante pour la version sans publicité Android | Apple Snapseed Pour modifier ses photos de randonnée Snapseed est une application de traitement d’image. Vous pouvez ainsi modifier vos photos de paysages, en ajoutant des filtres, des commentaires, des outils et bien d’autres ! Gratuit Android | Apple Randonner en Suisse, c’est le pied! Découvrez des documents pour vous accompagner sur les sentiers Pour aller plus loin Le site web myswiterland site web trouver une randonnée en Suisse au fil de l’eau, en route vers […]

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Mon premier film avec l’application Stop Motion Studio

Le Stop Motion ou en français l’animation en volume est une technique pour produire des vidéos image par image. Le principe de base est simple : on prend énormément de photos ! C’est la lecture de ces dernières à une certaine vitesse qui crée une animation. Pour découvrir cette technique et laisser libre cours à votre imagination, l’Espace le 4e vous explique ici comment utiliser l’application Stop Motion Studio.

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Données personnelles, épisode 2 : des applications un peu trop gourmandes

Comme il en était question dans l’épisode précédent, nous continuons d’explorer ici la collecte de données personnelles sur notre smartphone. Cette collecte se fait avec notre consentement car nous autorisons les applications à accéder à un certain nombre de paramètres de notre smartphone (nos contacts ou nos photographies par exemple) et nous acceptons leurs conditions d’utilisation lors de l’installation. Mais comment vérifier que nos applications ne soient pas trop gourmandes d’autorisations ? Et qu’est-ce qui se cache derrière les longues conditions d’utilisation qu’on accepte si facilement ?

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UN LUNA-PARK OUBLIÉ SOUS UN PARC – 8e halte

Un Luna-Park oublié sous un parc «Les affreux pylônes sont arrachés. Les horribles statues en simili-bronze sont renversées. Les affiches qui salissaient la promenade ont disparu. Les échafaudages qui transformaient l’admirable jardin en une vulgaire place de foire vont s’écrouler à leur tour. L’absurde nom de Luna-Park, qui ne signifie rien eu aucune langue du monde, va tomber dans l’oubli. Le parc des Eaux-Vives ressuscite sous le soleil dans le chant des oiseaux et le murmure des fontaines.» C’est ainsi, le 13 juin 1913, que le Journal de Genève célèbre «Le réveil du parc des Eaux-Vives» – c’est le titre – grâce à la démolition du Luna-Park. La deuxième mouture du parc d’attractions, celle de 1912, s’est avérée en effet aussi peu rentable que la première. En janvier 1913, la société du Luna-Park est mise en liquidation et le domaine est mis en vente.Que deviendra-t-il? La presse met en garde: «Il sera livré aux géomètres et aux terrassiers, dépecé, morcelé, canalisé, nivelé à droite et à gauche d’une route rectiligne, de petites villas rouges, bleues, mauves et jaunes s’élèveront, à moins que ce ne soient d’immenses bâtisses locatives. Il faudra dire un adieu, définitif cette fois, à la superbe allée de marronniers, aux pelouses si mollement ondulées et si artistement plantées, à la riche végétation de ce parc unique, à l’étang romantique où croassent les dernières grenouilles de l’agglomération urbaine… De tous les côtés la ville envahit la banlieue. Partout s’élèvent des immeubles à 4 ou 5 étages. Il faut aller loin, les dimanches d’été, pour trouver un peu d’espace, de verdure, d’ombre et de fraîcheur, pour laisser le regard se reposer sur des prés, des champs et des arbres… Ne conviendrait-il pas de réserver à proximité immédiate des quartiers populeux quelques coins ombreux où l’on puisse conduire la marmaille et la laisser s’amuser à l’abri des automobiles et de leur poussière? Fin de citation. Les Eaux-Vives, qui sont alors une commune, rachètent le domaine grâce à une levée de fonds auprès de la population. Elles le rachètenten s’engageant à prendre des mesures – nous citons le maire d’alors, John Gignoux – «pour que la population y trouve les facilités d’accès, les jouissances honnêtes, hygiéniques, artistiques et paisibles qu’elle peut désirer». Fini les attractions, donc, fini le Cyclone canadien, le Water-Chute, les Vagues charmeuses, le théâtre Tanagra, l’Afrique mystérieuse, les promenades à dos de chameaux,les 16’000 ampoules électriques,les concours de bébés, le baron Pouce. C’est ainsi que ce parc devient ce parc. RETOUR à la page d’accueil du parcours-récit Un Luna-Park oublié sous un parc

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UN LUNA-PARK OUBLIÉ SOUS UN PARC – 7e halte

Le retour aux jouissances hygiéniques Pointage express. Par levée de main, qui parmi vousdéteste les Luna-Park? Une… vous… non… si…? Bon. Au printemps 1911, dans la presse romande, qui est grosso modo notre seule source pour visiter textuellementle parc d’attractions dressé cette année-là dans le parc des Eaux-Vives, dans la presse romande, disais-je,tout le monde adore. «Jamais encore on aura vu un aussi judicieux choix de “great attractions” mondiales, installées dans un cadre aussi merveilleux», écrit le Journal de Genève. «Dans ce cadre incomparable, les attractions les plus sensationnelles, les plus scientifiques, les plus nouvelles, ont été reunies», lui fait écho la Feuille d’avis de Vevey.Tout le monde adore, donc, tout le monde sauf un, le dénomme Gaspard Vallette, qui dans un roman à épisodes intitulé La Vie genevoise, pleure l’ancien aspect du parc des Eaux-Vives et «les nobles perspectives d’un coin de nature splendide» qui a été «condamné à l’appellation et aux images grotesques d’un Luna-Park». Tout le monde sauf deux, si on compte l’anonyme qui publie, sous le pseudonyme de Frelon, une brochure de dix pages imprimée par ses propres soins où il s’en prend au «massacre esthétique de ce qui fut le Parc des Eaux-Vives», à la «foule qui grouille, crie, grogne», aux femmes qui poussent des cris sur les montagnes russes, à la piste de patinage qui est «un cirque pour le rapprochement des sexes» et pour finir à tout ce qui bouge dans cette «cité du bruit», dont le «parisianisme à outrance» massacre les seuls vrais atouts touristiques de Genève, qui sont, à ses yeux, ses «beautés naturelles». Au fil du temps, les râleurs – et peut-être aussi les râleuses, qu’on n’entend pas, parce que nos sources ne font entendre que des voix d’hommes –, les voix râleuses, donc, deviennent plus nombreuses. À l’automne, après la fermeture saisonnière du parc, une lettre ouverte de l’Association des intérêts de Genève, qui a pour but de promouvoir le tourisme, appelle à «rendre au parc des Eaux-Vives une partie de son ancien aspect» et «à supprimer une partie des installations du champ de foire qui l’ont tant défiguré». C’est ainsi que l’année d’après,le 11 mai 1912, qui est à nouveau un samedi, le Luna-Park se réouvre dans une version remaniée. La journée inaugurale attire 19’000 personnes. L’hebdomadaire Lausanne-Plaisirs, qui fait le déplacement en bateau, s’extasie «Les innovations apportées sont des plus heureuses. L’intelligent et avisé directeur, M. Lansac, veut faire de son somptueux établissement le véritable rendez-vous des familles», écrit-il. Les enfants «s’amuseront tout en s’instruisant à la visite des curieuses cases du jardin zoologique, lesquelles remplacent avantageusement le turbulent village nègre de l’an dernier». Fin de citation. Au sujet de ces «turbulences», nos sources restent muettes. On ne sait pas vraiment ce qu’on reproche au «village noir» du Luna-Park, dont je vous parlais il y a quelques arbres. Peut-être lui reproche-t-on ses bruits de tambours, ses fumées de bivouac, ses corps trop dénudés, mais à vrai dire on n’en sait rien. Un rapport du Département cantonal de Justice et Police se borne à noter que – je cite «[à] la place du village nègre, la direction a installé le jardin zoologique, composé de phoques, singes, zébus, lamas, chèvres, pélicans, autruches, flamands, ours». Fin de citation. S’amorce ainsi, quoi qu’il en soit,le retour à ce que John Gignoux, maire des Eaux-Vives, appellera, une année plus tard,«les jouissances honnêtes, hygiéniques, artistiques et paisibles»et ce sera mon dernier mot quelques arbres plus loin. LA SUITE DU PARCOURS RETOUR à la page d’accueil du parcours-récit Un Luna-Park oublié sous un parc

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UN LUNA-PARK OUBLIÉ SOUS UN PARC – 6e halte

«Aujourd’hui, grand concours de bébés» «Un concours de bébés à Luna Park. Le Luna-Park organise pour le dimanche 6 août un grand concours de bébés. À l’heure actuelle, soixante inscriptions sont déjà parvenues à la direction. Les bébés seront réunis à la crèche du parc: le défilé aura lieu à quatre heures. Les bébés seront portés ou traînés dans de petites voitures. De nombreux prix seront distribués.» Voilà ce qu’on lit dans l’édition du 30 juillet 1911 de notre source de référence, le Journal de Genève, seul quotidien genevois, pour l’instant, à être entièrement disponible en ligne dans des archives numérisées.Je ne saurais vous dire où se situait entre ces arbresla «crèche du parc» qui accueillit ce concours. Quoi qu’il en soit, la presse en reparle une semaine plus tard: «Devant le nombre formidable des inscriptions pour le concours de bébés à Luna-Park, la direction a été forcée de clôturer jeudi soir la liste des inscriptions. 380 bébés participeront au concours.» Le jour J arrive, c’est un dimanche, le 22 août 1911.Le Journal de Genève s’étale là-dessusen long et en large. «Le concours de bébés à Luna-Park. Dimanche a eu lieu à Luna-Park le concours de bébés. Ils ont été les triomphateurs du jour et les attractions multiples ont pâli devant le ravissant et réjouissant défilé de la génération fraîche éclose. Les inscriptions avaient atteint le beau chiffre de six cents garçonnets et fillettes; aussi a-t-il fallu procéder à une élimination qui n’était pas sans-difficultés et pour la mener à bien on fit appel à tout un état-major médical présidé par M. le Dr G. Biolley, chef de clinique à la policlinique gynécologique et obstétricale de la Maternité et médecin de la consultation des nourrissons. MM. les docteurs Lurié, Ostermann, de la policlinique de la Maternité, et Mme la doctoresse Daïnow fonctionnaient comme jurés, assistés de six des nos plus compétentes sages-femmes. Et l’on commença à faire défiler dans le hall les bébés joufflus, parés de leurs plus beaux atours. Les mamans et les nourrices étaient très fières: les papas ne l’étaient pas moins. Les minuscules concurrents et concurrentes ne briguaient pas moins de dix prix offerts par le Luna Park, ainsi que par plusieurs maisons et particuliers de notre Ville. M. Ernest Vaglio, âgé de 23 mois, a fait honneur au sexe fort en remportant le “championnat pour le plus parfait bébé, garçon ou fi!le”; le sexe faible a donc été battu à plate couture! il est vrai qu’il a pris sa revanche, une revanche éclatante en s’adjugeant par le frais minois d’Alice Quechlnetti le prix pour le plus joli bébé. Le même sexe, représenté par Ceseri-Lea Lacharrère, a encore remporté le prix pour le plus gros bébé, et celui attribué au bébé le plus gai. Les autres récompenses ont été décernées comme suit: pour le garçonnet le plus parfait, Pierre Bouvier: pour la fillette la plus parfaite, Yvonne Probst; pour le plus petit bébé en proportion de son âge, garçon ou fille, Arlette-Renée Menoux; pour les deux plus beaux jumeaux, Marcelle et Renée Sandret; pour le bébé montré dans la voiture la mieux décorée, Aurélia Llorret; pour le plus gai bébé, Edmée Arlaud; pour le plus beau bébé nourri à la farine lactée, Alice Quechinetti. Voilà nos bébés passés à la postérité.» La postérité commence d’ailleurs tout de suite. Le concours donne lieu en effet,un mois plus tard,à une (nous citons à nouveau)… … «exposition photographique des lauréats du Championnat des Bébés organisé par le Luna-Park: Les plus beaux enfants de Genève. Une exposition unique que toutes les personnes aimant les enfants doivent voir». Activité étrange, oui, mais en même temps pas tant que ça. Renseignements pris, les concours de bébés sont à la mode, en Suisse comme en France, à partir des années 1880, comme d’ailleurs un autre genre de compétition que le Luna-Park met au programme en ce même mois de septembre 1911. Nous citons toujours: «Deux grandes épreuves amusante ont été créées par le Luna-Park. C’est, pour les garçons, une grande course aux grenouilles. Voici le règlement: six garçons reçoivent chacun dix grenouilles bien vivantes placées dans une petite brouette; celui qui arrive Ie premier au but avec tout son chargement complet de grenouilles (fournies par la maison Pêche et Sport, près du Pont de l’Île) est déclaré vainqueur! C’est, pour les filles, une grande course aux lapins. Voici le règlement: six fillettes reçoivent six jolis petits lapins, attelés avec des rubans roses et bleus; à l’aide d’un bâton auquel est fixée une carotte. Il s’agit d’amener son quadrupède le premier au but.» Zoos humains, concours de bébés, lapins pour les filles, grenouilles pour les garçons: c’était il y a cent-neuf ans au parc des Eaux-Vives.Voilà, si l’on peut dire, d’où vient ce parc, voilà d’où on vient. LA SUITE DU PARCOURS RETOUR à la page d’accueil du parcours-récit Un Luna-Park oublié sous un parc

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UN LUNA-PARK OUBLIÉ SOUS UN PARC – 5e halte

«L’Afrique mystérieuse» et le temps des zoos humains «L’Afrique mystérieuse. 100 indigènes, vraie reproduction d’un village nègre». C’est ainsi qu’une annonce publiée en juin 1911 dans la presse romande présente une des attractions phare du Luna-Park genevois.L’expression «village nègre» est reprise par tous les journaux. C’est – lit-on –un «village nègre fort bien installé et tout à fait pittoresque», un «village nègre qui vient de procéder à un pittoresque baptême». Ceci nous pousse ici à nous poser une question, la même question, à vrai dire, que se pose, un jour de 2014, une personne qui écrit à Interroge, le service un peu magique du réseau des bibliothèques genevoises qui répond en 72 heures à vos question. Ce jour-là, donc,la question est la suivante: «Quand le terme « nègre » est-il devenu péjoratif?» Le personnel des bibliothèques plonge dans ses livres et revient avec une réponse complexe et détaillée,qui ne pose pas des certitudes en béton armé,mais où l’on trouve ceci: le dictionnaire Robert de la langue française signale que – je cite – «au XIXe siècle, « nègre » et ses dérivés sont de plus en plus ressentis comme racistes». Ça remonte donc plus loin qu’on ne le croirait. Ce qui veut dire deux choses.La première, c’est que lorsqu’on écrit «nègre» en 1911, ce n’est pas tout à fait innocent, ce n’est pas «pas raciste», ce n’est pas juste un synonyme de «noir». La deuxième chose, c’est quela personne qui écrit «nègre» en 1911 n’est pas forcément une raciste militante, acharnée, convaincue, ni même consciente, sans doute, mais elle est le reflet et le véhicule d’une culture qui, elle, est raciste, dans le sens qu’elle croit à la différence hiérarchique des races,en considérant par exemple, comme l’écrit le scientifique et politicien genevois Carl Vogt dans ses Leçons sur l’homme en 1865, que le «nègre» se différencie du blanc par son «rapprochement prononcé vers l’animalité, particulièrement vers les singes». Voilà. Revenons au Luna-Park et à son Afrique Mystérieuse, qui est donc, écrit la presse «une troupe d’une centaine d’hommes, de femmes et d’enfants, qui constitueront un village africain» C’est – nous citons encore – «un campement qui rappelle tres fidelement un village du centre de l’Afrique», ou, plus précisément «un village sénégalais avec sa mosquée, son école, ses principales industries, ses moeurs, cent indigènes». Elle est installée quelque part là près de l’entrée, sur le côté gauche quand on regarde la pente de haut en bas.On y croise, lit-on,de «nombreux types curieux»,parmi lesquels, des individus issus des «tribus féroces» des Maures. Tout ce monde est offert au regard du public genevois, dans un dispositif assez courant à cette époque et jusqu’aux années 1930, un dispositif que les historiennes et les historiens appellent aujourd’hui un «zoo humain». Un article du magazine historique en ligne romand L’Inédit en parle ainsi: «Ces exhibitions, où des groupes de personnes issues des colonies sont engagées pour vivre en continu, sous les yeux du public, une simulation de leur vie d’indigènes dans un décor censé reproduire leur habitat naturel, se rapprochent en effet du dispositif d’un jardin zoologique. Les individus «exotiques» qui peuplent ces villages y sont montrés à la fois comme des objets de curiosité, à la manière des phénomènes de foire, et comme des spécimens de la diversité d’un monde supposément sauvage de plus en plus largement soumis par l’Occident. Ils sont également des illustrations vivantes du discours à prétention scientifique qui s’élabore à cette époque en affirmant qu’il existe entre les sociétés humaines des inégalités naturelles fondées sur des différences raciales.» L’historien fribourgeois Patrick Minder, auteur de plusieurs études sur les «zoos humains» en Suisse, estime le nombre de ces exhibitions, entre le dernier tiers du 19e siècle et le premier tiers du 20e, à une quarantaine. En Suisse romande, on trouve les traces d’une demi-douzaine de villages noirs, dont certains ont voyagé dans plusieurs localités. Genève en verra en 1896 (sur la plaine de Plainpalais, lors de l’Exposition nationale), en 1903 (dans le jardin d’une brasserie, avenue du Mail)et en 1911 (le nôtre, si l’on ose dire, celui du Luna-Park des Eaux-Vives, amené ici par un des entrepreneurs français spécialisés dans ce créneau, le dénommé Fleury Tournier).Le dernier village noirqui laisse des traces dans la région s’installe à Lausanne en 1930.L’ère des zoos humains s’achève là, mais le regard que ces spectacles ont contribué à installer reste là: un regard qui attribue aux Noir-e-s une infériorité pittoresque, touchante, sympa.C’est un regard à l’oeuvre dans ce qu’on appelle aujourd’hui «racisme bienveillant», qui n’affiche pas la haine, juste la croyance presqu’inconscienteen une supériorité naturelle, culturelleun peu parentale, qui justifie qu’on décide et qu’on parleà la place d’autrui. Bon. Êtes-vous encore là?Je vous laisse avec ces pensées et je vous retrouve quelques arbres plus loin. 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