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Le parc augmenté

Les parcs genevois fourmillent d’histoires. Des histoires réelles ou imaginées, individuelles ou collectives, ordinaires ou extraordinaires. Notre projet consiste à partager les histoires de parcs que nous avons dénichées dans les collections des Bibliothèques municipales, dans les méandres du Web ou en interviewant des expert-e-s et des usager-e-s.

Parc La Grange, 1887/1960/2020 – Rasez la mare, qu’on voie les Alpes

La «mare aux canards» était autrefois un lac alpin, auquel désormais on souhaite revenir. Le parc est un éternel recommencement… L’article_ «Un lac alpin niché au coeur du plus grand parc de Genève», par Valérie Hoffmeyer, Le Matin Dimanche, 09.07.2017 L’extrait choisi «[L]a mare aux canards». Une appellation qui fait frémir Claire Méjean, historienne des jardins au Service des espaces verts de la Ville de Genève. Elle qui ne compte plus les jours passés dans ce «monument historique vivant», comme elle aime le définir, rappelle que la «mare» était à l’origine un véritable tableau alpin, bâti non sans peine par William Favre, cent trente ans plus tôt. À l’époque, on cause diplomatie et affaires du monde dans les salons de la villa. Mais Favre a une autre passion: l’art du jardin et du paysage, et en particulier le paysage des Alpes. Lorsqu’il entreprend les travaux pour la création du lac alpin, il sait déjà qu’il va léguer son domaine à la ville. Les gens pourront voir un véritable petit lac, ceint de cailloux affleurant, d’une pelouse rase et de quelques sapins épars. Simple? Pas tant que cela! Dès 1887 et durant plusieurs saisons, William Favre tient la chronique des travaux dans son journal, qui se lit comme un feuilleton. (…) L’imitation de la nature est un travail pharaonique! Puis les modes sont passées par là, «surtout à partir des années 60, explique Claire Méjean. Ainsi ont été ajoutés un saule pleureur, des cabanes à canards, des bordures cimentées et une clôture, typiques de ces années tournées vers l’avenir et peu enclines à la mémoire. Vinrent ensuite les carpes et les tortues exotiques, la perte de l’alimentation par les sources et le lent atterrissement du lac.» En clair: il faut agir. «Nous avons commencé l’hiver dernier: débroussaillé, enlevé des arbustes, coupé les branches basses des ifs pour redonner de la visibilité au lac, dégagé les blocs de pierre. Il reste du travail, mais on va peu à peu retrouver l’ambiance d’un lac alpin», détaille Gilles Taramarcaz, en charge de l’entretien des parcs de la rive gauche pour le Service des espaces verts de la Ville de Genève (SEVE). (…) William Favre (…) rêvait avec son lac alpin d’un site d’initiation à la nature pour les foules urbaines qui n’y avaient pas accès. L’idée a encore du sens aujourd’hui, même à l’heure des avions et du voyage à portée de tous, comme en témoigne cette anecdote: emmenant ses écoliers en balade jusqu’au parc La Grange, cette enseignante de la rive droite a ainsi pu constater que certains de ses élèves n’avaient jusque-là jamais traversé la Rade, ni mis un pied dans le plus grand parc de leur ville…»

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Parc La Grange, années 80/90 – La secte des filles des arbres/Quand un cèdre vous sauve la vie

C’est l’histoire d’une fille qui vénérait les troncs et d’une femme qui avait un cèdre pour ami Le livre_ Genève dans ses parcs. Les nouveaux usages des espaces verts, de Nic Ulmi et Magali Girardin, Nyon, Glénat, 2013 «Place publique, jardin, forêt… l’espace vert, à Genève, c’est un peu tout cela à la fois. On y croise des pique-niqueurs romantiques et des accros du brasero, des danseurs de swing et des adorateurs des séquoias, des bâtisseuses de labyrinthes et des funambules, des géographes et des adeptes du yoga perché, des dragueurs et des fossoyeurs, des chiens, des renards, des dromadaires et même des poules.» => Le livre dans le catalogue des BM. L’extrait choisi (1) – La secte des filles des arbres «Souvenir d’un rituel enfantin, entre les parcs La Grange et des Eaux-Vives: «Avec un groupe de copines, on avait fondé une sorte de secte néo-amazonienne. On accomplissait des rites de passage: tisser un tapis avec des feuilles et des branchages, fabriquer de la poterie avec la terre du parc. On construisait des cabanes avec les bambous coupés par les jardiniers. On se faisait des tatouages dont on croyait qu’ils nous rendaient invisibles. J’avais 9 ans», raconte Chloé, fille des Eaux-Vives. Pour elle, le parc était une cour de récré dilatée aux dimensions d’un vaste domaine. «Je fréquentais une école qui pratiquait la pédagogie active et qui n’avait pas de préau. À la pause de midi, pendant toute ma scolarité primaire et par tout temps, on nous amenait au parc.» Un jour, Chloé fait un pas de côté. «J’avais une super copine, on formait un vrai binôme. Elle était peu groupale, pas très bien acceptée au sein de la “secte”. On a commencé un jeu dans un coin reculé, avec les arbres. Je ne sais plus si on en a discuté ou si c’est venu en enchaînant les On dirait que… Le fait est que nous nous sommes mises à vénérer ce groupe d’arbres. Nous leur avons attribué une individualité, donné un nom à chacun. Nous leur faisions des offrandes de fleurs. Ça avait un côté magique, on dialoguait, on jouait davantage avec eux qu’avec les autres enfants. Aujourd’hui encore, si j’entre dans ce parc, je ne me ressens plus en tant qu’adulte : c’est cette réalité d’autrefois qui est toujours là.» Culte des arbres indigène, né par génération spontanée…» L’extrait choisi (2) – Quand un cèdre vous sauve la vie «Souvenir d’une existence antérieure, pour ainsi dire, au parc La Grange: «J’ai l’impression que le parc m’a sauvé la vie», raconte Constance. Comment? «J’allais avec ma fille près du grand cèdre, je regardais la pelouse qui descend vers le lac. C’était un moment où je me sentais particulièrement triste et seule, dans des difficultés de famille. J’enlaçais l’arbre pour sentir de la force. Il est énorme, ancré, il a une présence puissante, il me donnait du calme et du courage. J’aimais penser qu’il y a des oiseaux dans l’air même pendant une guerre, que l’arbre traverse les siècles et voit les choses passer, que toute cette vie continue et que dans mon existence aussi, ça finirait par passer. Aujourd’hui, en entrant ici, je ressens une émotion, comme quand on retrouve des amis qu’on n’avait pas vus depuis longtemps. Comme si c’était une des personnes qui ont compté dans ma vie à Genève. Parfois, je rêve de ce parc.»

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15 séquences de cinéma tournées dans les parcs genevois – «Henry Dunant: du rouge sur la croix», de Dominique Othenin-Girard (2006)

    HENRY DUNANT: DU ROUGE SUR LA CROIX Dominique Othenin-Girard, Suisse/France/Autriche/Algérie, 2006 Bohemian Films Cette version de la vie d’Henry Dunant est ambitieuse dans sa reconstitution de la Genève du XVIIIème siècle. Telles des enluminures, certains plans nous font voyager dans le temps. => Le film dans le catalogue des Bibliothèques municipales  

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15 séquences de cinéma tournées dans les parcs genevois – «Paul s’en va», d’Alain Tanner (2003)

    PAUL S’EN VA Alain Tanner, Suisse/France, 2003 CAB Productions PAUL S’EN VA (2003) permet à Alain Tanner de revenir sur les endroits qu’il a l’habitude de filmer à Genève. En en sélectionnant une large palette, il arrive à parfaitement représenter l’atmosphère de la ville. => Le film dans le catalogue des Bibliothèques municipales

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15 séquences de cinéma tournées dans les parcs genevois – «La diagonale du fou», de Richard Dembo (1984)

    LA DIAGONALE DU FOU Richard Dembo, France/Suisse/Liechtenstein, 1984 La Cécilia Il semble normal que le championnat du monde d’échecs entre les deux Russies des années 1980 (celle du régime et celle des dissident-e-s) se déroule en terrain neutre dans LA DIAGONALE DU FOU (1984). Le réalisateur, qui filme volontiers la Genève des villas, des hôtels et des conventions, s’autorise de courts moments de respiration à l’extérieur. => Le film dans le catalogue des Bibliothèques municipales    

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15 séquences de cinéma tournées dans les parcs genevois – «L’insoutenable légèreté de l’être», de Philip Kaufmann (1988)

    L’INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L’ÊTRE (THE UNBEARABLE LIGHTNESS OF BEING) Philip Kaufman, États-Unis, 1988 Saul Zaentz C’est à Genève que l’on vient chercher un souffle de liberté ainsi que le sous-entend l’auteur Milan Kundera. Est-ce étonnant que son personnage le plus hédoniste (la féline Sabina interprétée par Lena Olin) retrouve son autonomie retrouvée au Jardin anglais dans L’INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L’ÊTRE (1988)? => Le film dans le catalogue des Bibliothèques municipales      

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15 séquences de cinéma tournées dans les parcs genevois – «Jeune homme», de Christoph Schaub (2006)

    JEUNE HOMME Christoph Schaub, Suisse, 2006 Frenetic Dans JEUNE HOMME (2006), c’est un garçon au pair suisse allemand (Matthias Schoch) qui découvre les bons côtés de Genève. Ainsi les librairies indépendantes, la rade et son jet d’eau et les endroits verdoyants. => Le film dans le catalogue des Bibliothèques municipales          

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15 séquences de cinéma tournées dans les parcs genevois – «Bazar», de Patricia Plattener (2009)

    BAZAR Patricia Plattner, Suisse/France, 2009 Light Night Même si l’action de BAZAR (2009) se déroule principalement à Carouge et sur la plaine de Plainpalais, la réalisatrice se plaît à filmer d’autres lieux emblématiques comme les Rues basses ou le Parc des Bastions. => Le film dans le catalogue des Bibliothèques municipales            

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