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Le parc augmenté

Les parcs genevois fourmillent d’histoires. Des histoires réelles ou imaginées, individuelles ou collectives, ordinaires ou extraordinaires. Notre projet consiste à partager les histoires de parcs que nous avons dénichées dans les collections des Bibliothèques municipales, dans les méandres du Web ou en interviewant des expert-e-s et des usager-e-s.

Parc La Grange, 1937 – Promenade fatale et digestive

Au cours d’une promenade digestive dans le parc, le fondateur des jeux olympiques s’écroule dans l’herbe au bord du chemin L’article_ «Le père de l’olympisme enfin honoré sur le lieu de sa mort», par Thierry Mertenat, Tribune de Genève, 08.09.2017 L’extrait choisi «Le jeudi 2 septembre de cette année-là, en début d’après-midi, un homme bien dans son âge entame sa promenade digestive dans le parc La Grange. Son pas est léger comme le repas qu’il vient de prendre dans une pension de la ville. Ancien sportif émérite (boxe, escrime, équitation, aviron), ce marcheur encore inconnu est «impeccablement vêtu», la distinction aristocratique se vérifiant dans le port de «guêtres grises» et d’une «grosse perle» au niveau du nœud de cravate. C’est cela que remarque d’abord le gendarme du poste des Eaux-Vives, qu’un passant est allé chercher en courant avec son chien, après avoir découvert un corps couché dans l’herbe, en bordure de chemin remontant vers le cordon boisé du parc. Les guêtres, la perle et ces yeux grands ouverts qu’il faut maintenant fermer car le cœur a cessé de battre. Crise cardiaque, mort subite d’un baron. (…) [À] Genève, que reste-t-il de cet épisode tragique, mis à part un certificat de décès dans les archives de l’Etat civil? Rien jusqu’à la fin des années 90. Retraité mais bien vivant, le gendarme de l’époque, qui a fini sa carrière comme adjudant-chef, reçoit un beau matin un téléphone du CIO. Juan Antonio Samaranch, le président en exercice (…) convoque René Grandchamp, car il veut tout savoir de la disparition genevoise de Pierre de Coubertin. L’entrevue a beau être privée, elle débouchera sur une initiative publique: la plantation en 2000 d’un mélèze à l’endroit où est mort le baron. Un simple écriteau, accroché à l’arbre, signalait sobrement cet épisode peu connu. Depuis, le panneau explicatif a été vandalisé sans être jamais remplacé. Le gendarme meurt à son tour en 2005. Même si le mélèze est de «bonne tenue», il ne racontait plus rien à personne. Il vient enfin de reprendre du service symbolique, grâce à la pugnacité d’une société de vétérans en uniforme, celle des retraités du corps de police de Genève, dont les 575 membres fêteront leur centenaire commun en novembre. L’actuel président, Jean-Pierre Eracle, s’est battu comme un marathonien (il a couru dix fois la distance en compétition officielle) pour que l’on installe une «plaque épigraphique» de meilleure allure, soit un totem métallique planté sur un petit socle pavé, montrant le visage souriant du baron moustachu, ses fameux anneaux en cinq couleurs et un texte gravé indiquant la date et le lieu de cette mort olympique. La Commission des monuments, de la nature et des sites, réputée pour son olympisme pointilleux, a fait changer le portrait, avant de donner son accord du bout des lèvres. (…) Le maire de la Ville de Genève, Rémy Pagani, (…) observa[i]t au passage que «c’est à lui, Pierre de Coubertin, que l’on doit, quelque part, tous ces gens qui courent dans nos villes.» Au même moment, dans son dos, une joggeuse traversait d’une foulée élégante la pelouse du parc. Comme une contradiction bienvenue au milieu de cette réunion majoritairement masculine, faisant l’éloge d’un visionnaire qui avait imaginé plein de choses pour fortifier l’idéal olympique, excepté l’avènement du sport féminin.»

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Parc La Grange, 2018 – Le mystérieux projet Gorski

Tandis que le parc disparaît sous la neige, un appartement de l’avenue adjacente se remplit de gens et se vide d’objets grâce – peut-être – au mystérieux «projet Gorski»… Le livre_ Aujourd’hui dans le désordre, de Guillaume Rihs, Paris, Kero, 2016 «Janvier à Genève. Louise et ses frères ont inscrit le grand appartement familial sur un site afin d’accueillir des voyageurs pour quelques jours. Leur première invitée est Victoria, une jeune Anglaise en quête d’aventure. L’appartement se remplit au rythme des arrivées alors que dehors le climat se dégrade. Bientôt, une tempête de neige va bloquer tout le monde à l’intérieur, les forçant à s’organiser.» (Site des Editions Kero) «A ce moment-là, personne ne le sait encore, débute un huis clos qui, de la charmante initiative, va basculer dans l’épreuve, climatique et humaine. (…) Car les choses, ici, occupent beaucoup de place. L’appartement est littéralement envahi par les meubles et les objets. (…) A ce processus d’accumulation, répond son exact contraire, un grand rêve d’allégement et de décroissance que Victoria porte et ne cesse d’expliquer aux autres, au fur et à mesure des arrivées.» («Rire de nous-même, sous deux mètres de neige», par Lisbeth Koutchoumoff, Le Temps, 12.02.2016). => Le journal Le Temps dans l’offre PressReader des BM. «L’auteur imagine le «projet Gorski», soit un groupe utopiste formé autour de Mihail Gorski, gourou de la décroissance. Son but: débusquer le moment précis où l’homme a fait fausse route et y retourner par un abandon progressif des technologies. Guillaume Rihs porte un regard mi-ironique mi-bienveillant sur ce projet: «J’enseigne l’Histoire, et les changements induits par l’ère industrielle amènent forcément leur lot de réflexion. On entend beaucoup le cliché du «c’était mieux avant», et ça m’amusait d’imaginer un projet cherchant à définir l’instant clé de la dégradation.» («Huis clos à dix-huit dans une coloc aux Eaux-Vives», par Marianne Grosjean, Tribune de Genève, 09.01.2016) Prix des écrivains genevois 2014, 2e prix ADELF-AMOPA de la première œuvre littéraire francophone 2016. => Le livre dans les collections des BM. L’auteur_ Guillaume Rihs, né le 6 février 1984 à Genève, est un écrivain suisse romand. (…) [I]l travaille comme enseignant d’histoire et d’anglais au collège Sismondi et au collège pour adulte Alice-Rivaz. En 2014, il reçoit le prix des écrivains genevois pour son manuscrit Aujourd’hui dans le désordre. Son roman paraît le 11 janvier 2016 aux Éditions Kero à Paris.» (Wikipédia) L’extrait choisi_ «La nuit du 19 au 20 janvier 2018 au parc La Grange, qui est longé à l’est par le parc des Eaux-Vives, au nord par le lac Léman, au sud par la route de Frontenex et (c’est en cela qu’il nous intéresse) à l’ouest par l’avenue William-Favre, la neige est compacte comme du beurre et tombe à profusion. Les flocons se rencontrent en vol et se bousculent, s’amalgament et forment des paquets qui accélèrent et qui s’écrasent puissamment, puissamment à l’échelle d’un flocon, contre ceux qui les ont précédés, se tassent avec eux et petit à petit font que d’un mètre, la neige se porte à trois. La nuit du 19 au 20 janvier 2018, il tombe deux mètres en une seule nuit, c’est rare. C’est du jamais vu ! Il n’y a plus une voiture en ville, plus un arrêt de bus, plus un trottoir et plus une route. Il n’y a plus de bouche d’incendie, ni de possibilité d’incendie, seulement cette pâte épaisse qui recouvre tout. Au parc La Grange, on ne distingue plus les tilleuls des chênes. J’entends, ceux qui d’habitude les distinguent, s’ils étaient présents, ne les distingueraient pas, et de toute manière il n’y a personne pour s’y essayer. Personne pour écouter les flocons et l’air vif. Personne pour sentir l’odeur gelée portée par la bise. Le restaurant est fermé, ainsi que la buvette, et je ne parle pas des théâtres. Rien n’ouvrira demain. Demain à l’aube, le parc La Grange ne sera plus. Sous trois mètres de neige, il se sera absenté. Ce qui l’aura remplacé sera d’une très grande beauté, visible depuis le bow-window du salon ou la cuisine au quatrième étage de l’avenue William-Favre, une immensité d’écume de glace.»

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15 séquences de cinéma tournées dans les parcs genevois – «Syriana», de Stephen Gaghan (2005)

    SYRIANA Stephen Gaghan, États-Unis/Émirats arabes unis, 2005 Warner Le réalisateur de SYRIANA (2005) sait parfaitement jouer des poncifs de Genève (le jet d’eau, les parcs, les fontaines) pour en faire un décor idyllique contredisant les tourments du couple incarné par Matt Damon et Amanda Peet aux prises avec les imbroglios du monde pétrolier. => Le film dans le catalogue des Bibliothèques municipales              

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15 séquences de cinéma tournées dans les parcs genevois – «Le retour d’Afrique», d’Alain Tanner (1973)

    LE RETOUR D’AFRIQUE Alain Tanner, Suisse/France, 1973 CAB Productions Avant de se décider à être un enfermé volontaire et de ressentir la ville de loin, le héros (François Marthouret) du RETOUR D’AFRIQUE (1973) travaille comme jardinier. Un métier permettant de goûter à la liberté. => Le film dans le catalogue des Bibliothèques municipales

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15 séquences de cinéma tournées dans les parcs genevois – «Henry Dunant: du rouge sur la croix», de Dominique Othenin-Girard (2006)

    HENRY DUNANT: DU ROUGE SUR LA CROIX Dominique Othenin-Girard, Suisse/France/Autriche/Algérie, 2006 Bohemian Films Cette version de la vie d’Henry Dunant est ambitieuse dans sa reconstitution de la Genève du XVIIIème siècle. Telles des enluminures, certains plans nous font voyager dans le temps. => Le film dans le catalogue des Bibliothèques municipales  

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15 séquences de cinéma tournées dans les parcs genevois – «Paul s’en va», d’Alain Tanner (2003)

    PAUL S’EN VA Alain Tanner, Suisse/France, 2003 CAB Productions PAUL S’EN VA (2003) permet à Alain Tanner de revenir sur les endroits qu’il a l’habitude de filmer à Genève. En en sélectionnant une large palette, il arrive à parfaitement représenter l’atmosphère de la ville. => Le film dans le catalogue des Bibliothèques municipales

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15 séquences de cinéma tournées dans les parcs genevois – «La diagonale du fou», de Richard Dembo (1984)

    LA DIAGONALE DU FOU Richard Dembo, France/Suisse/Liechtenstein, 1984 La Cécilia Il semble normal que le championnat du monde d’échecs entre les deux Russies des années 1980 (celle du régime et celle des dissident-e-s) se déroule en terrain neutre dans LA DIAGONALE DU FOU (1984). Le réalisateur, qui filme volontiers la Genève des villas, des hôtels et des conventions, s’autorise de courts moments de respiration à l’extérieur. => Le film dans le catalogue des Bibliothèques municipales    

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15 séquences de cinéma tournées dans les parcs genevois – «L’insoutenable légèreté de l’être», de Philip Kaufmann (1988)

    L’INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L’ÊTRE (THE UNBEARABLE LIGHTNESS OF BEING) Philip Kaufman, États-Unis, 1988 Saul Zaentz C’est à Genève que l’on vient chercher un souffle de liberté ainsi que le sous-entend l’auteur Milan Kundera. Est-ce étonnant que son personnage le plus hédoniste (la féline Sabina interprétée par Lena Olin) retrouve son autonomie retrouvée au Jardin anglais dans L’INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L’ÊTRE (1988)? => Le film dans le catalogue des Bibliothèques municipales      

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